🧑🏼‍🦳 Samia, Paléo'atypique

Au Paléo, Samia, 21 ans, pose un regard neuf sur l’accessibilité. Attirée par Lucky Love, elle soulève la question des handicaps invisibles. Elle invite le festival à repenser l'accessibilité au-delà du visible, ouvrant la voie à une culture plus représentative.

🧑🏼‍🦳 Samia, Paléo'atypique
Dans un intimiste Club Tent, le Français Lucky Love a fait résonner sa meilleure poésie, le mercredi 24 juillet 2024 — © Paléo / Lucie Gertsch
Loading the Elevenlabs Text to Speech AudioNative Player...

La deuxième journée du grand raout de l’été bat son plein, l’effervescence gagnant la plaine de l’Asse alors que le soir approche. C’est dans cette atmosphère vibrante que je rencontre Samia, 21 ans, une jeune femme autiste au regard perçant et à l’attitude déterminée. « Je n’ai jamais vraiment compris l’engouement pour ce genre d’événement », lance-t-elle d’emblée, sur un ton franc. « Mais cette année, la présence de Lucky Love au Club Tent a piqué ma curiosité. » Elle marque une pause, cherchant ses mots. « En tant que personne handicapée, je trouve rarement des artistes auxquels m’identifier. Lucky Love, avec son agénésie [il est né sans bras gauche, ndlr.], incarne une forme de représentation que l’industrie néglige trop souvent. »

Samia poursuit, son vocabulaire soutenu contrastant avec le pragmatisme de ses propos : « Le Paléo semble faire des efforts en matière d’accessibilité, c’est indéniable, je l’ai vu. Mais il y a un angle mort, pour moi : les handicaps invisibles. » Elle fronce les sourcils, formulant une critique constructive. « Plus des trois quarts des personnes en situation de handicap ont des difficultés non apparentes. Le festival gagnerait à explorer cette dimension pour vraiment être inclusif. Car, hormis des rampes et des logos de fauteuil roulant, je n’ai rien remarqué. »

Alors que la foule afflue vers les scènes principales, Samia observe le spectacle avec un mélange de fascination et de détachement. « C’est ma première fois ici, » admet-elle. « L’atmosphère est… intrigante, mais potentiellement overwhelmante [écrasante, stressante, ndlr.] pour une personne comme moi. » Elle s’arrête un instant, semblant analyser son environnement. « Les stimuli sensoriels sont intenses. Ce serait intéressant d’avoir des espaces de décompression pour les personnes neuroatypiques. »

Avant de se diriger vers le Club Tent, Samia partage ses réflexions : « La présence de Lucky Love est un pas dans la bonne direction. Il ressemble à Freddie Mercury. C’est stimulant de voir un artiste qui défie les normes. J’espère que cela ouvrira la voie à une plus grande diversité d’artistes… et de publics. »

Lorsque que Samia s’éloigne, son attitude résolue contraste avec l’ambiance festive environnante. On ne peut s’empêcher de penser que sa présence ici, malgré ses réticences initiales, est porteuse de changement. Son témoignage met en lumière des aspects de l’accessibilité souvent négligés dans les grands événements. Avec son franc-parler bienveillant et son regard critique, Samia incarne une voix nécessaire pour faire évoluer les mentalités et les pratiques d’un fringant monde culturel.


Retour au sommet en style