👨🏻‍🦲 Fred, roule pour la musique

Fred fréquente le Paléo depuis 30 ans, avec son fauteuil roulant. Ancien bénévole, il constate des progrès en accessibilité pour le public, mais pointe des lacunes en coulisses. Entre concerts au Dôme et observations critiques, il propose des solutions pour « normaliser » son existence.

👨🏻‍🦲 Fred, roule pour la musique
Après une 11e place à l'Eurovision, la Grecque Marina Satti (au centre) est venue distiller sa pop urbaine sur les planches du Dôme, le jeudi 25 juillet 2024 — © Paléo / Nicolas Patault
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Fred débarque au Paléo comme un vieux briscard. 63 printemps au compteur, dont la moitié passée à écumer le festival. Son fauteuil roulant ? Une extension de lui-même, fruit des « ravages des premières pilules contraceptives », comme il balance, pince-sans-rire. Né avec un pied mal foutu, il slalome entre les foules avec l’aisance d’un pilote de F1 dans un grand évènement musical.

La nuit est tombée sur l’Asse. Fred, lui, s’enfonce dans les entrailles du festival. Direction le Dôme. C’est là qu’il traque les pépites musicales, loin du vacarme des grandes scènes. Ce soir, c’est Marina Satti qui l’a scotché. « Un kaléidoscope sonore », qu’il dit, encore sous le charme de la Grecque à la pop qui claque.

Mais le mélomane a aussi l’œil du militant. « L’accessibilité, ici, ça progresse », concède-t-il, après 30 et quelques Paléo. Avant de dégainer : « Mais faut pas déconner, y’a encore du boulot ». Il se souvient de son année comme bénévole, il y a quatre ou cinq ans. Un cauchemar. « Dès que je sortais des zones publiques, c’était l’enfer. Tribunes VIP, apéros des sponsors, bars… Tout ce mini-festival en coulisses, complètement inaccessible ». Sa voix monte d’un cran : « On est des pros comme les autres, je veux dire ! On fait le même travail et on a le droit aux mêmes avantages, il me semble… »

Fred ne mâche pas ses mots. Il veut secouer les consciences. « L’accessibilité, c’est pas une option, c’est un standard ». Son idée ? Bombarder les écrans géants de messages inclusifs. Entre une prévention pour les bouchons d’oreille et l’hydratation. « Vous êtes en situation de handicap ? Des plateformes sont à disposition près de chaque scène ». Simple, efficace. « On sait qu’elles sont là, bien sûr ! Mais, ça normaliserait notre présence auprès des personnes sans handicap qui s’en fichent », assène-t-il.

Pour lui, Paléo, c’est plus qu’un festival. C’est un champ de bataille pour l’inclusion. « Être visible ici, c’est vital », martèle-t-il. « Ça évite qu’on nous sorte encore le “Oups, on n’avait pas pensé à vous” devant un lieu inaccessible ». Il ricane : « Vous imaginez le même discours pour une ceinture de sécurité ou un chauffage ? Ici, avec une visibilité du handicap, on le normalise auprès de 250 000 personnes ! » La nuit s’épaissit. Fred file alors vers le Club Tent. La chasse aux pépites musicales continue. Et avec elle, le combat pour une société plus inclusive. Un concert, après l’autre.


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